特朗普和我们

发布者:郭一帆发布时间:2023-04-09浏览次数:10

2017年1月30日

《费加罗报》

前任大使呼吁美国和法国,这两个有着长达两个多世纪友谊的国家,克服特朗普当选后国家经济上的一些动荡局面。法美两国友谊的存续面临重重困难。对政治精英的抵制,移民带来的身份认知困难和社会底层的种种问题,这些现象都给美国和法国造成了相同的局面。而唯一可能有效的解决方法是确保国家利益,孤立主义者和重商主义者奉行的“美国优先”。就像摩尼教的善恶二元论(只有是与非,善或恶)。没有永远的朋友,只有共同的利益!特朗普并不是唯一一个有这些考虑的人。尼格尔·法奇和勒庞和法国的极左派也有类似的考量。并且他们在世界上有很多的对手。

国内自发的民众支持运动(“民粹主义”)可能会威胁法美两国以及欧美之间的紧密关系,而从欧元区到亚洲区的不稳定因素会影响世界稳定。

该怎么做?首先别再天真了!过去的欧洲难道不知道国家之间关系的纽系是依靠利益其次才是感情吗?

美国和法国也从未违背这一原则。1778年,法美签署同盟条约,这帮助其后成为世界第一大国的美国取得了独立,而这项联盟的缔结正是纯利益的考量。法国当时面临内忧外患。国内一边是天主教的君主专制,一边是共和主义和新教的起义者。两方都难以让人信任。法国急需一个同盟者来对抗英国以及君主政权。结果法国和美国结成军事同盟,为当时的世界带来一场典型的作战。

同样的事情在1917年和1942也曾发生。1916年,民主党威尔逊奉行孤立主义连任美国总统。他明确要使美国发挥全球角色却不不想受到欧洲事务的桎梏。而民主党罗斯福,他在第二次世界大战时也采取了最保留的态度。在这两个历史事件上,美国都是观望了两年以上,最后由于自身在太平洋和大西洋的核心利益受到威胁时才决定置身其中。对于威尔逊和罗斯福来说,“美国优先”是最重要的原则。因为两大洲的命运是紧密相连的,美国知道如果欧洲受到威胁它最终也无法独善其身。

但也不是说利益是将情感完全排除在外的。1917年美国人的“拉法耶特我们来了”(1917年美国对德宣战帮助法国)虽不能说明一切,但也能代表一部分。

在接下来的几个月,对于美国人切实捍卫自己的利益,我们不应该感到惊讶。我们知道美国人只尊重和他们一样强的人。只要我们能够在困境中坚持下来,他们就会尊重我们。一直以来,从更广泛的历史角度来考量法美两国间的关系,我们会找到解决方法的。而我们的军队在各方和美方紧密合作会取得成功。

维系法美两国之间的友谊需要遵循的第二条原则是保持密切对话,避免看问题过于简单化。两国在一些判断上产生分歧是常见并且一直存在的:如伊拉克战争,与伊朗的关系,跨大西洋贸易条约,美国在其它国家的一些动作带来的紧张局势改变了银行或者数字领域大企业间的竞争条件。只有通过持续的甚至有时候有些激烈的对话,才能找到解决办法。只有通过这样的对话我们才能消除两国之间的误会,而不是像两国民众那样诉诸于争论。让我们做最强的自己,美国才会尊重我们。当特朗普表示不会再为欧洲事务买单时,做我们应该做的,而不是只会评批和抱怨。

为了回顾法美两国的友好关系,作为最古老的法美友谊协会,法国辛辛那提协会准备在2017年积极参与到庆祝1917年第一次世界大战美国协助法国一百周年的活动中去。二战时美国最伟大的将军都是那些1918曾在法国人边上学习过作战的那些人。1918年美国一开始用我们国家提供给他们的飞机和装甲车作战。这些都有迹可寻。

我们需要铭记美国和法国有244年的友谊,并且在过去的时间里它们总是能找到办法来克服文化差异和利益分歧,就像一些政治领袖个人带来的经济动荡。忘记历史的人很快就会后悔,因为历史是真正的政治的一部分。

* 1917-2017 “拉法耶特我们来了”讨论会主席,法国辛辛那提协会。

此讨论会在2017年11月23日-25日在索邦和巴黎俱乐部组织举行。

当特朗普表示不会再为欧洲事务买单时,做我们应该做的,而不是只会抨击和抱怨。


L'ancien ambassadeur invite les États-Unis et la France, unis par plus de deux siècles d'amitié, à dépasser les soubresauts conjoncturels liés à la personnalité du nouveau locataire

 

de la Maison-Blanche. Le ciel de l'amitié franco-américaine semble se couvrir de beaucoup de nuages. La levée de boucliers contre les élites traditionnelles, la perception d'une identité menacée par les mouvements de population et d'un laminage des classes moyennes ont les mêmes effets des deux côtés de l'Atlantique. Le remède serait l'affirmation sans complexe de l'intérêt national, « America first » servie par l'isolationnisme et le mercantilisme. Avec à la clef un manichéisme radical. Mes amis sont là où sont mes intérêts ! Ces profondes inquiétudes ne sont pas portées que par Donald Trump. Nigel Farage ou Marine Le Pen mais aussi l'extrême gauche française n'en sont pas loin. Et ils font dans le monde beaucoup d'émules.

 

Ces poussées populaires pourraient être très dangereuses si elles menaçaient une forte relation franco et euro-américaine qui est essentielle à la stabilité d'un monde dont le centre de gravité bascule dans l'incertitude de la zone euro Atlantique à l'Asie.

 

Que faut-il faire ? Cessons d'abord d'être si naïfs ! La vieille Europe ne sait-elle donc pas que les relations entre les États sont d'abord guidées par les intérêts et que les sentiments ne viennent qu'ensuite ?

 

L'Amérique et la France n'ont jamais échappé à cette loi. En 1778, l'Alliance franco-américaine qui permit l'indépendance de ce qui allait devenir la première puissance mondiale est d'abord un traité de pur intérêt. Tout sépare la monarchie absolue française catholique et les « insurgés » républicains et protestants. Quelle méfiance de part et d'autre ! Mais le Congrès a besoin d'un allié contre les Anglais et Versailles voit dans cette révolte une façon efficace d'affaiblir durablement Londres. Le résultat est qu'ils firent ensemble une campagne militaire exemplaire aux conséquences politiques mondiales.

 

Ne peut-on pas dire la même chose de 1917 et de 1942 ? Le démocrate Wilson est réélu président en 1916 sur un programme isolationniste. Il a clairement en tête de faire jouer à l'Amérique un rôle mondial mais surtout pas de l'empêtrer dans les jeux européens stériles. Quant au démocrate Roosevelt, il aborde le second conflit mondial avec les plus extrêmes réserves. Dans les deux cas, il faut attendre plus de deux ans pour que l'Amérique menacée au coeur de ses intérêts, dans le Pacifique comme dans l'Atlantique, s'engage. Pour Wilson comme pour Roosevelt, il n'y a pas d'autre règle qu'« America first ». Car le sort des deux continents est si inextricablement lié qu'on ne peut imaginer une Amérique libre alors que l'Europe serait asservie.

 

Cela ne veut pas dire que ces intérêts excluent des sentiments extrêmement forts. Le « La Fayette nous voilà ! » des Américains qui débarquent en 1917 n'est pas toute l'Histoire mais il fait partie de l'Histoire.

 

Dans les mois à venir, il ne faudra jamais s'étonner que les Américains défendent avec bec et ongles leurs intérêts. Nous savons qu'ils ne respectent que ceux qui se comportent comme eux. Existons et ils nous respecteront. Mais c'est en plaçant cette relation dans une perspective historique plus large que, comme toujours, nous trouverons les solutions. Et nos forces armées qui sur plusieurs théâtres coopèrent étroitement avec celles des États-Unis y réussissent fort bien.

 

La seconde règle à respecter pour préserver l'amitié franco et euro-américaine consiste à nourrir un dialogue étroit entre les deux pays et à dépasser les visions simplistes. Les divergences de jugement franco-américaines sont fréquentes et ont toujours existé. Rappelons-nous la guerre en Irak ou les relations avec l'Iran ou dans le domaine économique le traité de commerce transatlantique ou les tensions qu'engendrent les prétentions extraterritoriales des autorités américaines et qui modifient les conditions de la concurrence entre banques ou entre grandes sociétés du domaine digital. Pas de solution sans un dialogue constant et parfois vigoureux. C'est ainsi que nous surmonterons les « malentendus transatlantiques » dont nos deux peuples raffolent en perdant beaucoup d'énergie dans des joutes de symboles plutôt que dans des négociations réalistes. Soyons nous-mêmes et on nous respectera. Et quand Donald Trump rappelle aux Européens que l'Amérique ne peut continuellement payer pour leur défense sans qu'ils mettent la main à la poche, faisons ce qu'il faut plutôt que de nous livrer aux jérémiades d'usage...

 

C'est pour rappeler ces fondamentaux de la relation franco-américaine que la Société des Cincinnati de France, qui est la plus ancienne Société d'amitié franco-américaine, contribuera en 2017* de façon très active au centième anniversaire de l'engagement américain dans le premier conflit mondial en 1917. Tous les grands généraux américains de la Seconde Guerre mondiale ont appris la guerre en 1918 aux côtés des Français. Les militaires américains ont d'abord combattu en 1918 avec des avions et des chars que nous leur fournissions. Cela laisse des traces.

 

Rappelons-nous aujourd'hui que les États-Unis et la France ont derrière eux 244 années d'amitié et qu'ils ont toujours trouvé les moyens de dépasser leurs différences profondes de culture et souvent d'intérêts comme les soubresauts conjoncturels excessifs que certaines personnalités provoquaient. Qui oublie l'Histoire s'en mord généralement les doigts rapidement car elle fait partie de la « real politik ».

 

* Président du colloque « La Fayette nous voilà » 1917-2017, Société des Cincinnati de France. Ce colloque est organisé à la Sorbonne et au cercle Interallié du 23 au 25 novembre 2017.

 

Quand Donald Trump rappelle aux Européens que l'Amérique ne peut continuellement payer pour leur défense sans qu'ils mettent la main à la poche, faisons ce qu'il faut plutôt que de nous livrer aux jérémiades d'usage...


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