尼古拉·巴福雷
2017 年 2 月 20 日
《费加罗报》
为了履行民众主义,特朗普将美国的政策奉献给了选民的冲动,正如人们把肉扔给狗一样。从1930年起,由于保护主义的火力前所未有的强烈,在商业领域造成了巨大的壁垒。公开的目的在于将所谓的被全球化偷走的工作机会还给美国。美国人将这一质疑与实现充分就业(通过降低失业率到4.7%)相联系,无论新政府给出的理由如何,与预先提到的42%都有很大差距。
特朗普在几周的时间内放弃了了增强美国软实力的商业合约网络。他退出了16年2月签署的跨大西洋公约,这一公约之后解散了;使得中国坐稳了亚太地区优势地位。他质疑北美自由贸易协定(该协定1994年起生效),与墨西哥开展了商业和货币之战。特朗普也暂时搁置了跨大西洋共同市场的磋商事宜,而此共同市场可以合并世界国民生产总值的45%,同时包含了8.2亿的消费者。同时,他也威胁要退出世界贸易组织。
没有什么可以比向美国入关产品加收20%的税费计划能够更好的解释美国的保护主义。价值链的颠覆损害了大型工业体的利益,这项税收加剧了通货膨胀,同时增加了消费的负担。最终,它将提高利润税率,减弱商业活动,同时使得美元被高估18%,这将损害美国产品在价格战中的竞争力。
甚至在美国国内,即使从经济和商业实力中获利,并且美元也处于垄断地位,保护主义也带来了一个令双方都受损的局面。切断自由贸易带来的生活水平的提高,这是保护主义带来的不可避免的后果,与自由贸易相比,保护主义实在是太天真。
法国和欧洲应该准备好给予美国强加的任何贸易和费用以有力的回击,所有的贸易歧视都会令其国民成为受害者。就此,法国和欧洲也不应该掉入保护主义的陷阱之中。
竖起对抗保护主义的堡垒在阻止2008年的通货紧缩中起到了决定性的作用,同时也组成了对世界经济带来积极作用的G20。欧洲应该考虑保卫其开放社会的价值观,并为了确定世界秩序而建立框架与规则,而这正是美国弃之不顾的。更何况欧元区具有了远超2500亿欧元的商业价值。
2月15号欧洲议会确认:按照全面贸易协定的精神,欧盟应该像21世纪商业合约实验室对待各项产业一样,确保法定产区的复兴,确保公共市场的开放,保护投资,快速开展与东南亚国家联盟的会谈。面对英国脱欧和特朗普政府的攻击,应该不惜一切代价保卫共同市场带来的主要成果、51亿消费者、欧元和欧洲主权国家。这些将在一个齐备的全球安全战略体系后,决定世界上潜在的最有吸引力的区域。
法国方面应当与保护主义的恶魔决裂。保护主义和民粹主义所拥护的退出欧元可能会带来10%左右的快速通货膨胀,税率和债务清偿也会快速增长。在近期,法国实力不足,并且财务体系面临的危机也严重损害了法国人的收入、财产和社会权益。这就是为什么首先要重建一个有竞争力的产品机构,这一紧迫性超过了对工作生产力的改善,领先于资本对企业投资的导向,也优先于建立充满活力的良好市场,和对创新的支持。
早在1929年,亨利·福特在胡佛总统前就正确的声明了保护主义是“愚蠢的经济”。他同时也指出了这种经济下的一些领导人和弱小的国家。 唯有自由贸易才是明智之举;这需要一些强大的机构,因为自由贸易离不开高效的市场规则。
Assumant son populisme, Donald Trump sacrifie la politique des États-Unis aux pulsions de ses électeurs, comme on lance de la viande aux chiens. Et c'est dans le domaine du commerce que la rupture est la plus brutale avec le déploiement d'un arsenal protectionniste sans précédent depuis les années 1930. L'objectif affiché consiste à rendre aux Américains les emplois prétendument volés par la mondialisation. Et ce alors que les États-Unis ont renoué avec le plein-emploi en réduisant le taux de chômage à 4,7 % de la population active, loin des 42 % avancés contre toute raison par la nouvelle Administration.
Donald Trump a mis à bas en quelques semaines le réseau des accords commerciaux qui sous-tendait le soft power des États-Unis. Il s'est retiré du Pacte transatlantique signé en février 2016, ce qui revient à l'annuler, laissant ainsi le champ libre à la Chine pour asseoir sa domination en Asie-Pacifique. Il a remis en question l'Alena, entrée en vigueur en 1994, ouvrant une guerre commerciale et monétaire avec le Mexique. Il a suspendu les négociations sur le grand marché transatlantique qui avait vocation à englober 45 % du PIB mondial et 820 millions de consommateurs. Il laisse enfin planer la menace d'une sortie de l'OMC.
Rien n'illustre mieux les contradictions du protectionnisme que le projet de taxe aux frontières de 20 % sur les importations de la nouvelle Administration. Au-delà du bouleversement de la chaîne de valeur qui pénalisera les grands groupes industriels, cette taxe alimentera l'inflation et pèsera sur la consommation. À terme, elle amplifiera la hausse des taux d'intérêt, affaiblissant l'activité, et entraînera une appréciation du dollar estimée à 18 % qui minera la compétitivité-prix des produits américains.
Même dans le cas des États-Unis, qui bénéficient de leur puissance économique et financière et du monopole du dollar, le protectionnisme se révèle un jeu perdant-perdant. Ce n'est pas le libre-échange mais le protectionnisme qui est naïf en ignorant les inévitables représailles qu'il appelle comme l'amputation de la croissance et du niveau de vie des ménages qu'il implique.
La France et l'Europe doivent se préparer à répondre vigoureusement à toute mesure de restriction des échanges ou des paiements imposée par les États-Unis comme à toute discrimination dont leurs citoyens pourraient être victimes. Pour autant, elles ne doivent pas tomber dans le piège du protectionnisme.
Le rempart dressé contre le protectionnisme a joué un rôle décisif pour enrayer la déflation en 2008 et constitue l'apport le plus positif du G20 à l'économie mondiale. L'Europe doit reprendre à son compte la défense des valeurs de la société ouverte et la construction de cadres et de règles pour définir un ordre mondial auxquels les États-Unis tournent le dos. Et ce d'autant que la zone euro dégage un excédent commercial supérieur à 250 milliards d'euros.
Dans le droit-fil du Ceta, approuvé le 15 février dernier par le Parlement européen, l'Union doit s'affirmer comme le laboratoire des traités de commerce du XXI e siècle traitant des services, de la reconnaissance des appellations contrôlées, de l'ouverture des marchés publics et de la protection des investissements, et ouvrir rapidement des négociations avec l'Asean. Face au Brexit et aux attaques de l'Administration Trump, les réussites majeures que constituent le grand marché et ses 510 millions de consommateurs, la monnaie unique et l'État de droit européens doivent être préservés à tout prix. Complétés par une stratégie globale de sécurité, ils définissent potentiellement l'espace le plus attractif du monde.
La France doit pour sa part rompre avec ses démons protectionnistes. Le protectionnisme et la sortie de l'euro défendus par les populistes provoqueraient une hausse rapide de l'inflation autour de 10 %, des taux d'intérêt et du service de la dette. À terme rapproché, la France ferait défaut et son système financier se trouverait en faillite, détruisant les revenus, le patrimoine et les droits sociaux des Français. Voilà pourquoi la priorité doit aller à la reconstruction d'un appareil de production compétitif, ce qui passe par l'amélioration de la productivité du travail, par l'orientation prioritaire du capital vers les entreprises pour financer l'investissement, par une énergie abondante et bon marché, par le soutien à l'innovation.
En 1929 déjà, Henry Ford avait plaidé à juste titre devant le président Hoover que le protectionnisme était une « stupidité économique » . Il est aussi la marque des dirigeants et de nations faibles. Seul le libre-échange est intelligent ; il exige des institutions fortes car il est indissociable d'une régulation efficace des marchés.